Un secteur qui profite à l'illégalité
Le marché des jeux de hasard est une industrie colossale, mais elle se heurte à un secteur parallèle bien plus trouble. Chaque année en Italie, près de 20 milliards d'euros sont misés illégalement, alimentant ainsi un marché souterrain où les liens entre mafia et jeux de hasard sont nombreux et profondément ancrés. Pourtant, face à cette réalité sombre, l’Italie a choisi de lutter activement contre ce secteur illégal en élargissant l’offre légale dès les années 1990, afin de limiter l’influence des groupes criminels.

Les groupes mafieux italiens, en particulier la Cosa Nostra, la Camorra et la Ndrangheta, ont depuis longtemps investi dans les jeux de hasard. Ces organisations sont souvent associées à des activités criminelles telles que le trafic de machines à sous et le blanchiment d'argent, grâce à des experts en informatique qui facilitent leur exploitation. La répression de ces activités a été renforcée par des opérations policières spectaculaires.
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Opération Hermès (2009) : Cette enquête visait Renato Grasso, un chef mafieux qui imposait ses machines à sous aux bars et établissements de jeux.
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Opération Black Monkey (2013) : Cette opération a permis de démanteler un réseau de machines à sous illégales, gérées par des figures du crime organisé, dont Nicola Femia.
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Opération Gambling (2015) : Lancement d’une enquête par le procureur national antimafia pour démanteler des réseaux mafieux opérant dans les jeux de hasard.
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Opérations en 2018 (Scommessa, Gaming Offline, Galassia) : Trois enquêtes ont permis de mettre au jour les liens suspects entre mafia et jeux de hasard dans différentes villes italiennes comme Bari, Catane et Reggio Calabria.
Un autre élément inquiétant est la relation étroite entre certaines entreprises de jeux légales, comme Gamenet, et des personnages affiliés à la Ndrangheta, l'une des mafias les plus puissantes d'Italie. Ces associations démontrent l’étendue de l’influence mafieuse sur l’ensemble du secteur des jeux de hasard.

De l’autre côté des Alpes, la France a également connu des années d’ombre où les jeux de hasard étaient souvent associés à des groupes mafieux, notamment corses, qui les utilisaient pour blanchir de l'argent et régler des différends. Toutefois, depuis quelques décennies, le secteur français des jeux a fait d’importants progrès en matière de transparence et de régulation.
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Gang Brise de Mer (1970-2000) : Ce groupe criminel corse a dominé le marché des machines à sous pendant plusieurs décennies. Le 14 juin 2000, une enquête a permis de démanteler un trafic de machines à sous organisé par ce gang. Le même jour, le service TRACFIN a également enquêté sur l’exploitation d’un casino virtuel par la société Eurogames Diffusion, impliquée dans des activités de blanchiment et d'exploitation illégale de jeux de hasard.
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Cercle de jeux Concorde (2007) : L'affaire a révélé des liens étroits entre des mafieux corses et la gestion du cercle de jeux Concorde à Paris, entraînant la fermeture définitive de l’établissement.
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Cercle de jeux Wagram (2011) : Les gérants de ce cercle de jeux parisien ont été reconnus responsables de détournement de fonds, tandis que des liens avec le gang Brise de Mer ont été identifiés.
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Affaire Visionnex (2010) : Cette PME, propriétaire de 700 bornes de jeux dans des bars, était accusée de concurrencer illégalement la Française des Jeux (FDJ) et le PMU, avec des connexions floues à certains élus et figures publiques.
Au fil des années, la France a réussi à assainir son secteur des jeux d’argent. L’image des jeux liés aux mafias corses, utilisée à plusieurs reprises dans le cinéma (comme dans Les Tontons Flingueurs), a aujourd’hui disparu, ou du moins, est fortement réduite. En 2010, l'interdiction des cercles de jeux a été un tournant décisif, éradiquant la présence de groupes criminels dans ces établissements.
Aujourd’hui, tous les lieux physiques de jeux de hasard sont étroitement contrôlés et surveillés par l’État, avec une régulation renforcée. Cette stricte surveillance a permis de réduire considérablement les risques d'infiltration mafieuse dans le secteur.

Si la mafia et les jeux de hasard ont longtemps été liés, ces dernières années ont vu un renforcement des régulations et une transformation profonde du secteur. En Italie, malgré des progrès, les liens entre mafia et jeux restent préoccupants, tandis qu’en France, l’assainissement du marché a permis d’apporter plus de transparence. Cependant, la vigilance reste de mise, notamment face à la croissance des jeux en ligne, un terrain où l’illégalité continue de prospérer dans l’ombre.